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À Marseille, Litter Snap, l’Intelligence artificielle qui détecte les déchets

En mars 2023, à Marseille, Luc Haumonté a lancé Litter Snap, une start-up développant une intelligence artificielle capable de détecter les déchets, grâce à des drones ou des caméras. Une technologie « écologique et utile pour les professionnels du domaine de la propreté » .

La technologie développée par Litter Snap permet de repérer les déchets grâce à l’intelligence artificielle (IA). Crédit : Luc Haumonté

Comment est née votre idée de start-up Litter Snap ?

En 2019, je me suis dit que je voulais entreprendre pour avoir un impact positif sur l’environnement. Mon idée de départ était de lutter contre les déchets marins. J’ai longtemps étudié la nature du problème, les solutions possibles et je suis parti de plusieurs constats : je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’actions de communication pour lutter contre le continent de plastique, mais qu’elles n’étaient pas efficaces. On ne voit que les déchets qui flottent, et pas la grosse majorité qui est déjà dans les océans, absorbée par les poissons. Donc, il fallait agir sur la terre et stopper la fuite des déchets dans l’environnement car, tôt ou tard, ils finissent dans la mer. Il manquait des solutions pour détecter les ordures. D’où le projet de Litter Snap dont l’objectif est de développer un système pour localiser les déchets dans l’environnement.

Comment est-ce que votre technologie fonctionne ?

C’est une intelligence artificielle (IA) capable de détecter les déchets. Donc on a dû la nourrir. Il lui fallait des images et des exemples pour apprendre à reconnaître les ordures. Mais on a développé un algorithme qui demande moins de données que certaines technologies que l’on connaît déjà. On les a obtenues grâce à des banques d’images, des sites internet ou des acquisitions que nous faisions nous-mêmes. C’est une partie chronophage mais essentielle. J’utilise un drone pour survoler des lieux, des caméras fixes ou embarquées. L’IA, qui a appris à reconnaître les ordures, détecte les déchets, puis on cartographie et on analyse les données.

« Il y a beaucoup de problèmes autour des déchets à Marseille. »

À terme, est-ce que votre technologie pourrait remplacer le travail des éboueurs ou des cantonniers qui nettoient les rues ?

L’IA ne pourra pas remplacer les éboueurs, mais simplement rendre leur travail plus agréable. À l’avenir, on pourrait inventer d’autres applications de ce type, pas que dans le nettoyage. Dans la sécurité et la détection de colis abandonnés, par exemple. Je n’y pense pas encore mais il suffirait de nourrir l’IA différemment.

Luc Haumonté, fondateur de Litter Snap. Crédit : Luc Haumonté

Pourquoi avoir choisi Marseille pour lancer cette start-up ?

J’habite à Marseille depuis 2010. Je pense que c’est aussi le fait d’y vivre qui m’a donné l’idée de Litter Snap car il y a beaucoup de problèmes autour des déchets dans la ville. La population n’est pas respectueuse, il y a pas mal d’incivilités. Mais aussi sensibiliser les gens, leur dire que respecter l’environnement, c’est aussi respecter les autres.

« L’IA ne pourra pas remplacer les éboueurs, mais simplement rendre leur travail plus agréable. »

Quelle clientèle pourrait être intéressée par votre technologie ?

C’est une technologie qui s’adresse aux organisateurs de concerts, festivals, bref des lieux d’accueil du public, comme les Jeux Olympiques, avec qui j’espère travailler. Dans ces cas-là, on utilise un drone. Il survole la zone, je récupère les données qui sont traitées avec l’algorithme qu’on a développé, on détecte, on cartographie et on analyse tout ça. Il nous dresse un bilan qui permet d’optimiser la collecte ensuite. Notre technologie a un intérêt pour les événements qui veulent être éco-responsables. Sur la plage du Prado, où l’IA a été utilisée, les personnes en charge du nettoyage ont mis cinq minutes à nettoyer alors que ce lieu aurait mis une heure à être traité en temps normal.

L’IA repère les déchets. Litter Snap récupère les données et propose un bilan de la propreté d’un lieu. Crédit : Luc Haumonté

Et vous pourriez travailler avec des collectivités ?

C’est le but ! Le principe resterait le même : détecter les déchets. Mais la manière d’agir serait différente. On fournirait des caméras fixes ou embarquées. On peut par exemple en mettre sur des véhicules qui parcourent la ville, comme les transports en commun. Pas besoin d’utiliser de nouveaux véhicules, on peut utiliser ceux qui existent déjà. Les citoyens peuvent également signaler la présence de déchets. Des villes sont déjà équipées pour ça.

L’IA servirait aussi d’assistance pour les travailleurs et travailleuses afin de leur indiquer la zone la plus sale. Elle permettrait aussi de valider que le travail a été fait. Une grande majorité fait bien son travail mais comme les rues sont sales après leur passage, on croit qu’elles n’ont pas été nettoyées. L’IA, grâce aux caméras, permet de prouver le contraire.

Mais il n’y aurait pas des dérives de surveillance des travailleurs et travailleuses ou même de la population en général ?

J’en ai parlé avec des sociétés. Elles voient ça positivement mais comme dans tous les changements, il y aura des réticences. Ce qui est dur, c’est d’anticiper le pourcentage. Il faut savoir bien présenter la technologie.

Mais pour la surveillance de la population, non, le système que je développe cherche uniquement à détecter les déchets. Il ne peut pas reconnaître les personnes. Et aucune donnée n’est conservée.