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Bon pour la planète et créateur d’emploi : l’avenir est au reconditionnement

Aucun électroménager neuf dans une ressourcerie. Chez Envie à Hénin-Beaumont, les employés en récupèrent et les réparent pour les revendre deux fois moins cher. Un modèle de commerce en plein boom qui ouvre un nouveau secteur d’emplois.

L’entreprise Envie propose plusieurs services, comme le reconditionnement, le SAV et la vente et le remplacement de pièces détachées. Crédit : Envie

Sa polaire bleue floquée “Envie” sur le torse, Christophe Didion marche d’un pas assuré dans l’atelier de l’entreprise solidaire, à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais. D’un geste, il désigne les bancs de test, où chaque machine passe pour établir un diagnostic, avant d’être nettoyée ou réparée. L’association traite du micro-ondes au frigo, sans différence de marque.

Capsule sonore : Le remplacement des pièces détachées, une autre activité d’Envie

Le reconditionnement au cœur de l’économie de demain

Aujourd’hui le marché du reconditionné est en plein essor : selon le cabinet d’étude Xerfi, le nombre de téléphones portables achetés reconditionnés a augmenté de 70 % entre 2016 et 2022, alors que le marché du neuf ralentit d’environ 5 % par an depuis 2018, selon l’ADEME.

Ce n’était pas le cas à l’arrivée de Christophe, il y a quinze ans. Quand il rejoint le réseau « Envie » en tant que chef d’atelier, « ce n’était pas encore à la mode, il y avait tout à construire ».  Celui qui gère désormais le développement des services de l’entreprise à Hénin-Beaumont se remémore ses débuts en 2008 : « On était à Lesquin (Nord), c’était une grosse usine de recyclage avec un petit atelier de réemploi et de pièces détachées. »

Depuis, l’atelier de réemploi a déménagé de son entrepôt de 200 mètres carrés pour investir celui d’Hénin-Beaumont, 15 fois plus spacieux. À l’arrivée dans leurs nouveaux locaux il y a deux ans, le nombre de salariés s’est amplifié, passant de 4 à 45. 

L’insertion professionnelle comme moteur

L’association s’appuie sur trois valeurs principales : « Nos produits sont recyclés, 50% moins chers que le neuf, et nous sommes une entreprise d’insertion professionnelle », explique Christophe. 

Le réseau « Envie » a été fondé pour proposer des emplois à des personnes isolées du monde du travail : « Les gens qui viennent chez nous sont là pour 2 ans et après on doit leur trouver un autre boulot. » Sur les 45 employés et employées de l’atelier, 34 sont en réinsertion.

Les compétences qu’ils acquièrent à l’atelier ouvrent des portes : « L’année dernière, on a un employé qui est parti au bout d’un an pour un CDI. Maintenant les métiers du reconditionnement et du SAV (service après-vente) sont en tension, les gens ne jettent plus, ils réparent », se félicite Christophe.

Couplée avec les avantages écologiques du reconditionnement, l’association s’inscrit dans le modèle de l’économie circulaire, encouragée par le ministère de la Transition écologique qui a voté un panel de loi en ce sens. L’une des mesures phares : la loi anti-gaspillage, qui vise la fin du plastique jetable en 2050. Dans cette optique, le reconditionnement est une aubaine. Selon l’ADEME, l’impact d’un smartphone reconditionné est équivalent à 10 % d’un appareil neuf, en termes de ressources et de bilan carbone.

Des valeurs qui attirent de nouveaux publics

Le déménagement à Hénin-Beaumont a été permis grâce à la fidélisation d’un nouveau public : « De plus en plus de gens viennent au magasin, au début c’était surtout des gens qui n’avaient pas les moyens du neuf mais maintenant c’est le concept qui attire, sourit Christophe. Ils nous permettent d’asseoir notre économie mais aussi d’embaucher plus. » Un coup de pouce indéniable pour l’association qui porte depuis les années 80 des valeurs écologiques et d’insertion professionnelle.

Le reconditionnement attire aussi les magasins d’électroménager classiques, soucieux de suivre le mouvement. « Nous sommes de plus en plus sollicités par les marques de fabricants, les distributeurs, des entreprises qui ne savent pas faire du reconditionné », se réjouit Christophe. 
La visite se termine par le local où les télés sont remises en état. Christophe présente son équipe et pointe du doigt un espace en aménagement. « Bientôt ici nous traiterons aussi des ordinateurs. »