Pour un magazine inclusif : des diversity editors à Latitudes

Pour cette édition de Latitudes, les étudiants et étudiantes de l’ESJ Lille ont créé un nouveau poste, celui de diversity editor. L’occasion de repenser les questions de diversité dans nos articles à une période où de plus en plus de médias s’interrogent sur leurs pratiques. Explications.

Peut-on mentionner la couleur de peau dans un article ? Doit-on utiliser le terme « racisé »* ? Comment dire à quelqu’un que sa description est sexiste ? Ces questions nous semblent essentielles à poser aujourd’hui.

Pourquoi ? Parce que nous avons fait un constat : les femmes, les personnes LGBTQIA+, les personnes racisées ou en situation de handicap ne sont pas assez mises en avant par les médias. Le rapport publié en 2023 par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) montre qu’à la radio et à la télévision, « la part des femmes qui s’expriment à l’écran peine à augmenter au fil des années ». L’organisation note aussi que « la représentation qualitative des personnes vues comme “non-blanches” demeure inégale avec des rôles d’importance mais à connotation négative ». De même, « les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) restent surreprésentées ». En bref, les journalistes comme les interviewés ne sont pas à l’image de la population française.

Et il s’avère que nous non plus… Nous, la 99e promotion de l’ESJ Lille, ne sommes pas un miroir de la société. En tant que futurs journalistes, nous réfléchissons à nos pratiques. Nous devons parler à tous et à toutes dans notre travail. Nous avons un pouvoir de représentation, et avec lui la responsabilité de raconter les histoires de toutes et tous avec justesse.

Cette année, notre thème est « Repenser le monde du travail ». Comment raconter l’histoire de ces travailleuses et travailleurs ? Celle des ouvriers, des ouvrières, des nounous, des veilleuses et des veilleurs de nuit… Parmi ces corps de métier, beaucoup sont souvent oubliés, voire invisibilisés. L’enjeu est de taille pour nous, étudiantes et étudiants, dont le quotidien est souvent très éloigné de leurs réalités.

Pour cela, nous avons créé un nouveau pôle, celui de diversity editor. Les objectifs ? Garantir la pluralité des profils interrogés. Penser contre soi-même. Remettre en question nos préjugés qui s’invitent dans nos choix de sujets et les descriptions que nous faisons dans nos articles. Nous avons donc alerté et relu nos camarades. Mais pas de quotas, les résultats sont souvent déconnectés des réalités du terrain. Trop mathématiques, ils ne suffisent pas à garantir une bonne représentation.

Il reste de nombreuses imperfections. Certains corps de métiers demeurent fortement représentés par des hommes, d’autres par des personnes blanches… Entre le stress de trouver un bon sujet et des échéances réduites pour écrire, les questions de mixité peuvent passer au second plan. Et même si l’ensemble de la promotion a été de bonne volonté, il a été difficile pour nous, diversity editors, de trouver notre place au sein du magazine. Un problème qui s’explique par la nouveauté de ce poste, mais qui, nous l’espérons, se dissipera avec le temps. Du temps et des efforts, voilà ce qui sera nécessaire pour qu’à terme, les changements de mentalité rendent notre poste inutile, et pour qu’enfin, nous disparaissions.

*Racisé : c’est une manière de décrire une personne qui n’est pas blanche et qui est l’objet de perceptions ou de comportements racistes. C’est une construction sociale et non une réalité biologique.


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