Les couvreurs et couvreuses : métier protégé en danger

Dorian David

Le métier de couvreur s’impose, malgré lui, comme le deuxième secteur en tension en France. Pénibilité, formation exigeante, concurrence…la couverture de toit n’attire plus, malgré les chantiers qui ne manquent pas. Dans le Finistère, les ardoisiers s’interrogent sur l’avenir de la profession.

L’équipe de couvreurs rénove le toit du chœur de l’église de Saint-Thégonnec dans le Finistère, classée monument historique. Le chantier doit se terminer cet été.
L’enclume sert de support à la taille des ardoises. Associée au marteau, elle constitue la base du blason des couvreurs. 
Vincent retaille l’ardoise avant de la placer sur la charpente. Ce n’est qu’une fois sur le terrain qu’il peut s’adapter avec ses pièces, une par une. 
« Parfois je me couche en même temps que les gosses. À 21 heures je suis au lit » raconte Vincent en riant. Technique et exigeant, le métier marque les corps. 
« Ce que j’aime, c’est façonner la matière. Ce que je préfère, c’est le plomb » confie Gwenole. Une licence d’interprète en langue des signes en poche, il s’est redirigé vers la ferronnerie avant de rejoindre la société de son frère. 
Pierre est arrivé dans l’entreprise cet été. Après un début de Tour de France avec les Compagnons du devoir, le jeune couvreur a préféré se libérer du temps pour ses passions comme la motocross et la planche à voile. 
Six échafaudages séparent le chantier du sol. L’ardoise est soulevée grâce au monte-charge, directement 12 mètres plus haut.  
Une fois au sommet, les plaques attendent d’être retaillées. Chacune a été coupée selon les premières mesures à l’atelier de l’entreprise de couverture.
La pose des plaques d’ardoise n’a rien de hasardeux malgré « l’improvisation » chère à Vincent. Pour assurer l’étanchéité du toit, certaines règles doivent être respectées. 
Les schémas sont écrits à même la charpente. Ces patrons permettent aux couvreurs d’avoir une première vue d’ensemble pour s’adapter à la structure.
L’équipe pose de la « Rustique », ardoise emblématique et particulièrement épaisse. Pierre se souvient encore de la plaque qu’il a posée il y a quelques jours à genoux : « 1 m 20 de large pour 50 cm de haut ! »
Le marteau de Vincent a 20 ans. Particulièrement attaché et fier de son outil, il l’a fait graver de ses initiales et l’utilise sur tous ses chantiers. 
Ouvriers et ouvrières opérant « le plus haut », les couvreurs et couvreuses sont les seuls à intervenir sur les toits. Par tradition, ils fêtent l’Ascension, reprenant la symbolique de la montée du Christ vers le ciel.

Dorian David

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