«Tous ont permis à la vie de continuer au fond. » Dans son discours du 13 avril 2020, en plein confinement, Emmanuel Macron évoque la notion de travailleurs et travailleuses de deuxième ligne. Le président désignait ainsi les métiers essentiels au fonctionnement de l’économie, mais pas directement impliqués dans le combat contre le Covid-19, par opposition aux métiers de la première ligne. Rarement mis en avant, les acteurs et actrices de l’agriculture, de la propreté ou de la vente sont notamment cités. Mais la notion de travail essentiel reste vaporeuse, ambiguë.
En 2021, les économistes Christine Erhel et Sophie Moreau-Follenfant ont rendu un rapport commandé par le ministère du Travail pour y voir plus clair et déterminer quels ont été les métiers de la deuxième ligne.
Deux critères établis par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) guident leur travail de définition : les métiers ne doivent pas être télétravaillables, et les travailleurs et travailleuses doivent en effet avoir exercé sur site pendant le premier confinement. Dix-sept professions, toutes issues du privé, répondent à ces deux critères. En plus des métiers cités par Emmanuel Macron, on retrouve, entre autres, les domaines du BTP (Bâtiment et travaux publics), de la sécurité ou encore de la viticulture.
À partir de ce cadre, le rapport montre que ces professions partagent globalement des conditions de travail et d’emploi plus difficiles que la moyenne des salariés. Par exemple, leur revenu net annuel moyen s’élève à 11 946 €, soit un tiers de moins que le salaire moyen des emplois du privé.
Pour pallier ce problème, le rapport apporte des éléments de réponse afin d’améliorer les conditions de travail des métiers de la deuxième ligne. Il recommande notamment de développer des outils de mesure par branche et par profession. Une approche encore rare dans le monde de la recherche. Plus largement, le document propose de dépasser le cadre de la crise sanitaire en créant une catégorie plus englobante de métiers de la continuité économique et sociale.