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Taxis conventionnés : les raisons de la colère

Les conductrices et conducteurs de taxis conventionnés ont jusqu’au 1er février pour signer la nouvelle convention, qui les lie à l’Assurance maladie. Certaines mesures, comme le nouveau système tarifaire, sont encore floues. Ils dénoncent un article qui ne prend pas en compte le bien-être des patients et craignent pour leurs rémunérations.

En 2022, le covoiturage de patients a permis à l’Assurance Maladie d’économiser 34 millions d’euros. En le généralisant, le gouvernement prévoit de faire 100 millions d’euros d’économies pour la période 2025-2027. Présenté en décembre 2023 par Aurélien Rousseau, à l’époque Ministre de la Santé, le déploiement des transports partagés doit répondre à trois objectifs. Diminuer l’empreinte écologique des taxis conventionnés et des véhicules sanitaires légers (VSL), qui totalisent 65 millions de trajets par an, augmenter l’offre de transports habilités à transporter des malades et surtout réduire les dépenses de l’Assurance Maladie.

Une plateforme qui effraie 

« On fait des économies au détriment de la santé des patients », s’alarme Nathalie Stephan, conductrice de taxi dans le Finistère. Généraliser le transport sanitaire partagé à des fins économiques, représente la fin du lien social avec les patients pour les taxis conventionnés interrogés. « On met les manteaux, on récupère les médicaments, on a l’avantage de connaître nos patients depuis longtemps…si cette réforme passe, notre métier perd de son côté essentiel. » 

L’annonce par le gouvernement de la mise en place d’une plateforme, chargée de fluidifier le transport sanitaire, inquiète les professionnels du secteur. Les patients seront toujours en mesure de choisir leurs chauffeurs et chauffeuses, mais ils pourront aussi passer par la plateforme pour réserver leur trajet. L’ensemble des chauffeurs conventionnés disponibles dans le secteur,  pourront récupérer des patients. Un fonctionnement  « compliqué et flou » pour Harry Mooren, représentant de la Fédération nationale des taxis indépendants (FNTI) dans le Finistère, qui dénonce « une ubérisation du secteur. »

La rémunération au centre du débat 

« En zone rurale, 80 à 90 % de nos activités sont les taxis conventionnés », pointe le représentant de la FNTI, inquiet de voir son nombre de courses diminuer. Si certains chauffeurs et chauffeuses refusent d’adhérer à la plateforme, ils feront face à une forte concurrence. 

Une inconnue demeure, celle de la tarification car les taxis n’appliquent pas les mêmes tarifs pour des transports sanitaires et des trajets classiques. Régis par l’Assurance Maladie, les tarifs pour l’année 2024 n’ont pas été précisés aux taxis, qui réclament une “clarification” de la part de l’Union nationale des caisses de l’assurance maladie.


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